Tout au long de l’histoire de l’Église, l’habit religieux a été extrêmement important, car les religieux ne sont pas seulement appelés à une vie de consécration totale à Dieu, mais aussi à manifester et témoigner publiquement de leur consécration.
Le Concile Vatican II déclare que «l’habit est un signe de consécration» (Cf. Perfectae Caritatis, n. 17). Les signes doivent être utilisés plus que jamais, «surtout dans le monde d’aujourd’hui, si sensible au langage des images… où le sens du sacré s’est si timidement affaibli, les gens ressentent le besoin de ces appels à Dieu, qui ne peut être abandonnés sans un certain appauvrissement de notre service sacerdotal ».
Ce signe « exprime pour le religieux sa consécration et met en évidence la fin eschatologique de la vie religieuse». Les religieux de notre Institut portent le saint habit qui est donc signe de leur consécration et témoignage de leur pauvreté. La valeur de l’habit est donnée «non seulement parce qu’il contribue au décor du prêtre dans son comportement extérieur ou dans l’exercice de son ministère, mais surtout parce qu’il met en évidence dans la communauté ecclésiastique le témoignage public que chaque prêtre est appelé à donner de sa propre identité et appartenance spéciale à Dieu ». Nous aimons donc l’habit, que l’on porte comme une seconde peau. Saint François d’Assise avait coutume de dire que seule la présence du religieux vêtu de son saint habit est une prédication.
Le religieux qui abandonne les vêtements séculiers pour porter l’habit, manifeste qu’il quitte le monde et les choses du monde, pour embrasser le même mode de vie du Christ: chaste, pauvre et obéissant. Pour cette raison, l’habit est un signe de consécration.
L’habit est un signe et en tant que tel se réfère à une réalité spirituelle plus profonde et intérieure qui est le fait d’appartenir au Christ, l’union intime avec Lui. Quiconque porte l’habit manifeste dans la réalité qu’il a revêtu le Christ. Tout baptisé se revêt du Christ avec le baptême, mais plus encore le religieux, car il consacre toute sa vie à une union plus parfaite avec Lui. C’est pourquoi on dit que la consécration religieuse est comme un second baptême, car elle conduit à la plénitude des exigences du baptême. Le Concile Vatican II déclare: « La profession religieuse a ses racines les plus profondes dans la consécration baptismale, qui la perfectionne pleinement » (Perfectae Caritatis, 5). Jean-Paul II dans l’exhortation post synodale Redemptionis donum, n. 7 déclare: « La consécration religieuse constitue, sur la base sacramentelle du saint baptême, une nouvelle vie pour Dieu en Jésus-Christ ». Et pour cette raison, on peut dire que le religieux est celui qui par excellence a revêtu le Christ, qu’il manifeste précisément en revêtant de l’habit de l’Institut.
Dans le monde du sensible, une manifestation sensible de notre consécration est également nécessaire. Par rapport à la soutane que nous utilisons comme prêtres religieux, nous pouvons appliquer les paroles du bienheureux Manuel Gonzalez parlant de ce qu’un prêtre peut faire avec sa seule présence. La seule présence du prêtre, quels que soient ses vertus et ses talents, sa sympathie et son aversion, exerce un grand pouvoir. Pour le monde, la présence d’un prêtre est une protestation, un rappel et un remord.
Une protestation: dans une société, aussi corrompue qu’elle soit, l’habit combat la tyranie des vices et du mensonge, car la présence d’une personne consacrée denonce à beaucoup que ce qu’ils font est mal.
Un rappel des devoirs : on ne peut pas voir un prêtre, soit comme il soit, sans se souvenir que Dieu existe, qu’il y a un Credo, qu’il y a des commandements, qu’il y a une autre vie avec des châtiments et des récompenses. Le Prêtre avec son habit, même sans s’en rendre compte, est une proclamation constante du catéchisme, c’est comme si c’était l’Évangile marchant dans la rue.
Un remords: et cela explique l’amertume et la colère que beaucoup de gens provoquent la présence d’un prêtre, connu ou inconnu.
Le prêtre, avec son habit, peut être appelé la conscience visible de l’humanité et la colère que certains ressentent contre lui n’est ni plus ni moins la même que celle ressentie contre le cri inopportun et menaçant de la conscience lorsqu’elle récrime les mauvaises actions.